La mitraillette fumante, la clope au bec et le feutre de travers, c’est avec un esprit entre Raymond Chandler et Jean Pierre Melville que je me suis rendu à la projection de Gangster Squad. J’avais découvert le réalisateur lors d’une Nuit au Max avec Zombieland, réjouissant remâché des films de zombies avec un brin de folie en plus. Allait-il récidiver avec le film de gangster ?
Pas complètement il faut bien l’admettre. On peut imaginer que Ruben Fleischer n’a pas réussi à se sortir des modèles des nombreux films de gangsters réussis. Comme un plan de braquage qui foire, tous les ingrédients sont là mais quelques erreurs font qu’au final les braqueurs repartent sans le butin. Ici on a évité l’hécatombe mais le butin est un peu léger.
Gangster Squad raconte la création en 1949 d’un commando de flics qui s’affranchissent des règles pour virer un caïd mégalomane. Déjà le coup est connu, et les spectateurs tels des flics expérimentés sont sur leurs gardes.
La photo du film est très belle, les néons de Los Angeles crèvent l’écran dans cette nuit ou le mal et la pègre œuvrent. Sauf que cela en est presque trop propre. Il manque le coté « dirty » de ses bas fonds. Accompagnant cette photographie sombre, une réalisation parfois inspirée comme lors de beaux plans séquences comme on en voit de moins en moins et parfois complètement à côté de son sujet, abusant des ralentis lors de fusillade par exemple. Dans Matrix c’était sympa, mais aujourd’hui et dans le L.A des années 40 c’est comme un bourbon coupé au Perrier, on se rêve à le jeter à la tête du barman.
Le casting fait rêver sur l’affiche : des vieilles gueules, des jeunes loups et la divine Emma Stone. Sauf que, comme une Chevrolet de 47, un acteur ça se pilote. Ryan Gosling s’en sort très bien, son petit minois énervant et arrogant va comme un gant au personnage et son amour pour Emma Stone nous émeut (ou alors je suis aussi amoureux d’Emma Stone… Qui sait ?)
Les autres font ce qu’ont attend d’eux sans réel surprise. Josh Broling en vétéran de guerre, Robert Patrick en vieux cow-boy à moustache, Giovanni Risbi en geek, tous les rôles sont correctement interprétés dans la limite de leur écriture souvent caricaturale ou trop explicative. On comprend très (trop ?) vite leurs motivations et le film nous les ré-explique.
Et puis Sean Penn, sur-maquillé, fait son « DeNiro » tout au long du film. J’aime les acteurs qui cabotinent mais là c’est beaucoup !
On s’ennuie pas, c’est rythmé, mais il manque un supplément d’implication pour ces personnages comme dans Casino de Scorcese ou l’avenir de ce truand nous captive. Il manque un supplément de style visuel comme dans Public Enemies de Mann ou ce réalisme nous embarque.
Alors cette ambiance d’après-guerre dans ce Los Angeles mafieux est plaisante, les costards sont classes, les femmes magnifiques et chaque truand, chaque policier est un sur-homme. Mais si l’on prend plaisir à y aller, où est le souffle épique ?
Un gangster pour briller ne doit pas qu’être bon. S’il veut marquer de son empreinte il doit être hors du commun. Il en va de même pour les films…
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